Pratique architecturale pragmatique / 2009-2010 /
Villa Guillo-Melka

 

La maison est construite dans un quartier pavillonnaire dense en périphérie du cœur médiéval de Montpellier. Ce quartier date  du début du 20° siècle. C’est un de ces  nombreux quartiers originellement populaires longeant les voies du chemin de fer à l’époque où les gares se construisaient à la marge des villes anciennes. Il accueillait des petits jardins, lopins de terre propices aux affaires agricoles privées. Ce quartier n’a pas connu de très gros bouleversements urbains malgré l’implantation éparse de barres d’immeubles modernes. Cette greffe moderne n’a pas été programmée dans l’esprit moderne en suivant les principes des CIAM.  D’où une présence de barres relativement discrètes malgré leur hauteurs dans ce tissu pavillonnaire dense.
Cette densité  urbaine s’explique  par des dimensions de parcelles modestes  et étroites. Les maisons sont proportionnées à la taille des parcelles ; les surfaces étant souvent inférieures à 100 m². Ces maisons de  plusieurs dizaines d’années d’âge ont chacune leur propre identité architecturale au niveau des proportions, des ouvertures et des pentes de toit. Si l’on devait définir une typologie générale de ce tissu, elle se  caractériserait  par son éclectisme. C’est dans ce contexte urbain que l’on qualifierait de pittoresque au 18° siècle que la maison Guillo-Melka s’inscrit.

 L’architecture revêt une forme  d’épure afin de se fondre silencieusement  dans son contexte urbain bruyant : des volumétries simples facilite son opération à se glisser de manière efficace au milieu des pavillons vernaculaires qui  juxtaposent diverses formes architecturales. Cette épure architecturale peut participer à sa manière à ce libre jeu urbain caractérisé par une joyeuse complexité vernaculaire. L’architecture résulte d’une composition réclamée par des contraintes importantes de nature diverse (économique, urbanistiques et juridiques). Les règles d’urbanisme ont contraint les possibilités de hauteur. Toute une pragmatique a commandée la création de cette maison afin de  conjuguer les désirs de surface habitables des habitants avec les conséquences contraignantes des règlements.
Un choix de bloquer sur une hauteur maximale autorisée le périmètre de la maison en fonction des reculs autorisée permet de conserver cette idée initiale d’épure. Cela se traduit par un mur maçonné blanc de hauteur constante de 4 mètres percé des ouvertures nécessaires. Ce mur périphérique encercle les espaces intérieurs sans correspondre à des niveaux quelconques. Au dessus de ce ruban blanc, une addition de volumes supplémentaires en bois et en zinc régente les nécessités fonctionnelles de hauteur et d’habitabilité de manière très spécifique. Le traitement singulier de chacun de ces volumes supplémentaires participe au caractère éclectique du quartier. Des volumes en bois avoisinent un volume à la peau de Zinc. Ces volumes en bois complètent les volumes intérieurs réclamés (séjour/espace médiatique/chambres/escalier). L’habitabilité des chambres nécessite une forte pente qu’une enveloppe en zinc peut supporter. Dans cette petite parcelle propre au quartier, avec un prospect qui diminue les possibilités de s’étendre et compte tenu des exigences d’usages des habitants, la maison tout en se pliant à la géométrie du terrain et au règlement d’urbanisme s’articule sur plusieurs demi niveaux à l’intérieur de l’épure maçonnée. Cet emboîtement  permet de conserver des hauteurs raisonnables et un gabarit urbain mesuré. On retrouve un espace creusé, des doubles hauteurs, des demi-niveaux en fonction de chaque problème rencontré. Ces différents niveaux ne sont pas subordonnés aux volumes.